GHT et DIM de territoire: une « bonne idée » mais plusieurs « pièges » à éviter
GHT et DIM de territoire: une « bonne idée » mais plusieurs « pièges » à éviter

GHT et DIM de territoire: une « bonne idée » mais plusieurs « pièges » à éviter

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GHT et DIM de territoire: une « bonne idée » mais plusieurs « pièges » à éviter (médecins DIM)

PARIS, 17 juin 2015 (TICsanté) – La mise en place d’un département de l’information médicale (DIM) est une « bonne idée » à condition d’éviter les nombreux obstacles qui risquent de le transformer en « piège » pour l’information médicale, ont indiqué des représentants des médecins DIM lors des salons santé autonomie (SSA) qui se sont tenus du 19 au 21 mai à Paris.

Le projet de loi de santé, qui doit encore être discuté au Sénat à partir de septembre, prévoit la mise en place de groupements hospitaliers de territoire (GHT) avec un établissement support qui assurerait notamment la gestion d’un DIM de territoire pour les établissements parties.

« Il s’agit bien d’un transfert de compétences obligatoire« , a souligné le 20 mai Yannick Le Guen, sous-directeur du pilotage de la performance des acteurs à la direction générale de l’offre de soins (DGOS), lors d’une session sur l’impact des GHT sur l’information médicale, organisée par la Fédération hospitalière de France (FHF), le Collège national de l’information médicale (Cnim) et la Société francophone de l’information médicale (Sofime). Ces DIM de territoire devraient permettre de mutualiser des compétences rares, de développer de façon homogène des fonctions d’assurance qualité des données, de faire converger les pratiques de codage et de permettre une analyse médico-économique de l’activité, a-t-il expliqué.

La désignation du DIM de territoire serait laissée aux établissements du GHT.

Le représentant de la DGOS s’est déclaré conscient qu’il ne suffirait pas d' »appuyer sur un bouton » pour homogénéiser les outils et que cela prendrait du temps. Les GHT ne devant pas être dotés de la personnalité morale, ce que plusieurs intervenants ont déploré, c’est toujours l’établissement avec la personnalité morale qui adressera la partie facturation mais sous la responsabilité du DIM de territoire, a noté Yannick Le Guen. Compte tenu de l’évolution majeure du métier de DIM par rapport à ses missions initiales, il a estimé qu’il faudrait revoir son référentiel métier.

Plusieurs participants se sont interrogés sur le maintien ou non du statut de praticien hospitalier pour le médecin DIM.Le président de la Sofime et chef du pôle de santé publique du CHU de Strasbourg, Gabriel Nisand, a rapporté qu’il n’y avait pas de résistance au changement au sein de la profession par rapport aux DIM de territoire qui comportent des « opportunités terribles » pour l’information médicale. Mais il y a aussi des « pièges » à éviter, a-t-il insisté.

« A terme l’objectif est louable » même si « on voit évidemment les difficultés », a renchéri le président du Cnim, Bernard Garrigue.

Parmi les risques, il a cité une restriction du périmètre et des fonctions du DIM en raison de moins de moyens, moins de présence dans les établissements non supports, une moindre proximité et une moindre confiance. Il ne faudrait pas que le DIM soit confiné au codage et à sa qualité. Il faudra aussi éviter la mise en place de structures locales parallèles sur certaines fonctions, qui doublonneraient les fonctions officielles, a-t-il observé.

Gabriel Nisand a mis en garde contre le risque de « retour de manivelle » quand les analyses du DIM de territoire ne satisferaient pas ou en cas de contrôle difficile par l’assurance maladie. Ce DIM risquerait alors de devenir un « bouc émissaire » et « un corps étranger« , avec des suspicions de conflits d’intérêts en cas de stratégies divergentes. « Tant qu’on n’a pas résolu le problème de la personnalité morale », la position du DIM sera « très inconfortable » car ce sera la seule ressource partagée mais étiquetée établissement support, a-t-il souligné. Pour lui, il ne faudrait pas que les établissements veuillent faire des économies immédiatement sur l’information médicale et que les GHT deviennent un « alibi pour partager des ressources déjà insuffisantes ». S’il y a un médecin DIM dans un établissement et qu’un deuxième établissement n’en a pas et doit recruter, il ne faudrait pas qu’au final il n’y ait qu’un médecin DIM pour les deux, a-t-il insisté en évoquant un « beau piège » qui réduirait l’information médicale à son minima.

UN POLE DIM DE TERRITOIRE

Bernard Garrigues et Gabriel Nisand ont listé une série de propositions pour la mise en place du DIM de territoire.

  • Ils ont proposé la mise en place d’un « pôle DIM de territoire » inter-établissements, qui permettrait une vraie mutualisation de moyens. Pour eux, il faudrait que le DIM de territoire soit intégré au fonctionnement et aux instances de chaque établissement avec une invitation permanente à chaque directoire et qu’il soit membre de droit de chaque commission médicale d’établissement (CME).
  • Ils préconisent aussi de fixer des effectifs minimums avec par exemple un technicien de l’information médicale (TIM) pour 4.000 séjours d’hospitalisation complète, un médecin DIM pour 20.000 à 30.000 séjours et deux à trois statisticiens par GHT.
  • Un planning pourrait être établi pour atteindre des objectifs de recrutement et de formation.
  • Ils suggèrent aussi d’établir un profil de compétences (diplôme, formation,….) pour les nouveaux postes à pourvoir de médecins DIM et de TIM.
  • Il faudrait par ailleurs que l’établissement soit hébergeur de données et que le DIM se voie doter d’un rôle vraiment officiel d’aide à la maîtrise d’ouvrage sur le développement et la convergence des systèmes d’information médicaux.
  • Il serait important aussi de renforcer son rôle de garant de la confidentialité des données médicales, en lui confiant notamment la gestion des habilitations.
  • Enfin, ils prônent la définition d’un périmètre modèle des fonctions de DIM. « S’il y a un appauvrissement du métier de DIM à l’occasion des GHT, beaucoup d’entre nous souhaiteront changer de métier car ils sont attachés à l’épidémiologie, à la recherche clinique, à plein d’autres choses qui font l’intérêt du métier », à côté du codage, a observé Gabriel Nisand.

cb/ab/

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